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Martial Jurdieu

Chercheur, conférencier, coach.

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Textes sur la non-dualité

De courts textes personnels résumant mon point de vue de personne vivant des moments de “plein conscience”.

La non-dualité, selon moi

Résumé

La non-dualité, c’est découvrir que ce que nous pensons être, une conscience individuelle perdue dans un univers et un temps infinis, est une illusion. C’est retrouver notre état naturel de conscience infinie et intemporelle. Ceci amène la dissolution spontanée de toute pensée et émotion négative : angoisses, interrogations, envies, regrets, haines, etc. Nous atteignons alors un état de sérénité infinie, que l’on appelle (entre autre) la Pleine Conscience.

Non-dualité de l’espace

La dualité est le fait de nous penser comme une conscience individuelle limitée, perdue dans un univers infini, les autres étant autant d’autres consciences individuelles. La non-dualité, c’est prendre conscience que ceci est une illusion, une erreur de perception intellectuelle et sensorielle. En faisant abstraction des concepts qui voilent nos perceptions, nous retrouvons notre état naturel de conscience unique, se manifestant en différents points d’un univers fini. Nous voyons alors se dissoudre spontanément trois choses : nos pensées et émotions négatives vis-à-vis des autres et du monde, nos insatisfactions de désirs inassouvis et peurs irrationnelles, et notre désagréable (voir douloureuse) résistance aux circonstances de la vie.

Non-dualité du temps

La dualité c’est aussi nous penser comme un être éphémère perdu dans un temps infini, ce temps ayant une réalité physique présentée par les mathématiciens comme la quatrième dimension invisible de notre univers. La Présence, c’est réaliser que le temps est un concept (récent) sans réalité physique, et donc retrouver la permanence de l’instant présent. Nous nous libérons alors de toutes nos souffrances petites ou grandes créées par cette illusion du temps, le passé étant la source de nos regrets et haines, le futur étant la source de nos envies et angoisses. Et la non-dualité, c’est réaliser que nous n’avons ni début ni fin. Ce que nous appelons la naissance, la vie, la mort, sont des expériences de notre conscience intemporelle, répétées un nombre inimaginable de fois au travers de tout ce qui existe, et dont la raison (si elle existe) est hors de notre portée. Nous nous libérons alors de la quête de finalité provoquée par l’angoisse (consciente ou non) de la mort, et de la quête de sens provoquée par le mystère de la naissance ou des origines.

Non-dualité et divinité

La non-dualité, c’est nous découvrir ne faisant qu’un avec Dieu. Ce dieu, débarrassé des concepts qui ont pollués la notion au fil des siècles, se révélant comme notre conscience infinie et intemporelle animant toute chose dans l’univers. La “pratique” non-dualiste, à l’opposé des rites religieux fondés sur l’adoration ou le combat de concepts du dogme, nous invite à trouver en nous ce que nous cherchions dehors. Nous retrouvons alors la sensation réelle et concrète de notre nature divine, et découvrons le dieu des religions tel qu’il est, un modèle conceptuel que l’on ne peut que croire ou rejeter, au même titre qu’un modèle politique ou philosophique.

Mes définitions personnelles :

La non-dualité et les religions

La Pleine Conscience et sa transmission

On observe chez quelques rares personnes un état d’esprit radicalement différent du notre. Cet état d’esprit se traduit par des effets visibles qui nous semblent à la fois hautement désirables et impossibles à atteindre. Entre autres : une totale sérénité d’esprit, l’absence d’émotions négatives, l’acceptation totale des circonstances de la vie, une perception accrue des sensations corporelles et du monde, un amour inconditionnel pour les autres et toute chose, une grande fluidité de la réflexion. Ce sont ces effets hautement désirables, que l’on pourrait qualifier de “bonheur parfait”, qui peuvent nous attirer vers ces personnes. Une simple observation pragmatique nous montre que ce bonheurs n’à aucun lien avec les circonstances de la vie de ces personnes. Nous en déduisons que tout ce qui constitue ce bonheur est en elles. De l’échange entre nous et elles naît l’enseignement spirituel, entre un “Elève” avide de plénitude, et un “Maître” la partageant avec bien veillance. Et de l’apparente difficulté à atteindre cet état d’esprit naît l’idée que le maître serait radicalement différent de nous. L’attirance poussée à l’extrême peut devenir vénération, et l’impression de différence poussée à l’extrême peut engendrer l’idée d’incarnation divine ou de Prophète.

Un cadre historique

De tout temps, des personnes en état de Pleine Conscience se sont trouvé en situation de transmettre leur expérience. Présent dans toutes les cultures et à la source des grandes traditions spirituelles, cet état d’esprit différent se retrouve sous diverses terminologies et formes métaphoriques. On peux citer entre autres :

Au vu de la diversité des doctrines, on peut douter d’une source commune. Et pourtant. Cet état d’esprit du maître étant hors des concepts, il est inexprimable par des mots. Son enseignement passe donc nécessairement par des métaphores et des expériences sensorielles. Prises au premier degré, les métaphores engendrent chez certains une incompréhension totale de l’enseignement. Fascinés par le maître et désireux de transmettre leur expérience, ces élèves créent un modèle conceptuel (donc à l’opposé même du message) en accord avec leur contexte socio-culturel. Les métaphores incomprises sont érigées en vérités dogmatiques, révélées par le maître vu comme source primaire (dieu) ou secondaire (prophète) du dogme. Le modèle fondé sur le dogme devient une doctrine, la croyance en ces concepts remplaçant l’expérience directe de l’absence de concepts. Les expériences sensorielles libératrices, détournées, deviennent des rituels mécaniques au service de l’enfermement dans la doctrine. Cet ensemble, transmis par les initiés, devient soit une religion si l’accent est mis sur le maître divinisé, soit une tradition spirituelle si l’accent est mis sur la doctrine ou les rituels. Et souvent, le résultat est à l’opposé du but recherché par le premiers disciples : la libération du “malheur” est rendue impossible par la notion de faute passé (pêché originel, Karma), la recherche du “bonheur” est interdite par la soumission impérative à l’autorité punitive (Enfer, Réincarnation inférieur); et les rituels encrent l’esprit dans le monde des concepts. Avec les siècles, des couches de concepts et de rituels s’ajoutent, diluant de plus en plus le message originel. Apparaissent aussi des variations conceptuelles de la doctrine produisant des scissions (Protestantisme, Kharijisme) ou des radicalisations (Salafisme). Mais on observe aussi des retours à la source, produisant une branche “mystique” de la doctrine (Bouddhisme Zen, Soufisme). Au final, le message est noyé dans un foisonnement inextricable de concepts et de métaphores aux interprétations aussi variées que contradictoires. On comprend ici la nécessité du retour à la source, et donc de l’accès à un Maître contemporain.